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La Consanguinité ?

Bonjour à tous

Un petit article pour vous expliquer, vulgairement, le principe de la consanguinité et ce que cela engendre. Vulgairement car cet article n’a pas pour but d’être inaccessible par son contenu, sa forme ou son fond. Il a pour but d’expliquer, peut-être rapidement, les conséquences d’une consanguinité, mal ou non contrôlée afin de poser les bases d’une première réflexion.

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Définitions :

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Mariage : Action de coupler un mâle et une femelle pour donner naissance à des chiots.

 

Consanguinité : On appelle consanguinité le résultat d’un mariage entre deux individus au patrimoine généalogique proche. (cousins communs etc).

 

Hyper Consanguinité : On appelle Hyper-consanguinité le résultat d’un mariage entre deux individus au patrimoine généalogique très rapprochées (mère-fils / oncle-nièce – frère/sœur etc).

 

Programme d’élevage : les lignées travaillées, le type de chiens que l’élevage souhaite produire (morphologie, tempérament, couleur etc).

La Consanguinité, mais à quoi elle sert ?

A l’origine la Consanguinité a été énormément utilisée pour fixer nos races de chiens et mettre en avant un certain type morphologique. Ce n’est qu’en reproduisant des chiens à la morphologie proches (et donc au patrimoine souvent commun) que sont nés nos différentes races. On passe quand même du chihuahua au dogue allemand, c’est une belle diversité qui, années après années s’est doucement crée.

En 2018 la plupart de nos races sont fixées, c’est-à-dire qu’elles ont un standard type et que leur variété est assez répandue dans le monde pour pouvoir trouver des lignées (donc des courants de sang) différents et enrichir ainsi le patrimoine génétique.

Et aujourd’hui ?

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Mais, parce que oui il y a un mais, certains éleveurs appuient leur programme d’élevage en ventant la consanguinité, souvent à fort taux, qu’il y a dans leurs mariages. D’après eux c’est essentiel pour la pérennité de leur race, proposer un mariage très consanguin (frère-sœur / mère-fils etc) leur permettrait d’exclure rapidement un reproducteur du programme d’élevage si les chiots produits développaient des tares et de ce fait ne rentraient pas dans les critères de l’élevage.

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Personnellement, je tique un peu quand je lis de telles justifications. Il faut savoir que la consanguinité elle peut transmettre les qualités d’un chien (la morphologie, la couleur, la taille des yeux) mais, et surtout, elle est fixatrice de défauts. Ces défauts peuvent être plus ou moins graves selon le degré de consanguinité et impacter énormément sur la vie de l’animal (problème de santé, cancers etc).

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Clairement, j’ai connu des chiens, personnellement ou par biais interposé (chien d’un amie d’une amie) qui, issus d’un mariage fortement consanguin, n’ont malheureusement pas eu longtemps à vivre. Certains sont partis avant l’âge de deux ans avec multiples visites chez le véto. Il est douloureux de faire partir son animal, qu’importe le départ, que ce soit par vieillesse ou après un accident. Il est encore plus douloureux de perdre son animal parce que des apprentis sorciers ont joué à s’essayer à la consanguinité et ont rajouté un facteur de plus dans la maladie du chien, l’aggravant sans aucun doute.  

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 Il n’y a pas que du bon dans la consanguinité. J’irais même plus loin, il y a plus de mauvais que de bon dans la consanguinité. Du mauvais parce que, et c’est humain, la génétique n’est malheureusement pas contrôlable à 100%. On ne peut pas marier le frère et la sœur en proclamant, que les chiots hériteront forcément des qualités des deux parents. C’est du marketing foireux. C’est une arnaque, et un moyen de vendre.

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Je le répète, mais la consanguinité fixant aussi bien les qualités que les défauts, elle doit être absolument travaillée avec cohérence et expérience (que des « ences :D ) et avec une profonde étude de ses lignées. Etudier les lignées cela veut dire avoir un très gros recul sur la descendance produite par ses reproducteurs en proposant au départ des mariages à faible taux (voir au taux inexistant) de consanguinité et regarder le résultat. Il s’agit ensuite de récupérer un ou deux chiots de chaque mariage, de renouveler l’opération en rapprochant le seuil de consanguinité. En procédant ainsi des éleveurs commencent à fixer leur lignée en prenant en compte la consanguinité.

(Attention, les descendants des mariages, tout comme leurs parents, devront être également dépisté contre les principales maladies touchant leur race).

Exemple :

En effet, admettons qu’à terme vous voulez absolument que Lassie reproduise avec Médor, parce que pour vous ils ont toutes les qualités de la race. Malheureusement, Médor c’est le frère de Lassie mais c’est votre douzième génération, et celle qui vous semble le plus près de votre idéal de programme d’élevage.

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Vous pourriez tout à fait coupler directement Médor & Lassie, un mariage frère sœur ça se fait et regardez ce que cela induit. En faisant cela, vous importez un fort taux de consanguinité dans le mariage, vous prenez le risque que les chiots développent des maladies, ce qui induit de rajouter des tares dans la race, mais surtout vous prenez le risque d’abimer votre lignée si le résultat n’est pas à la hauteur de votre espérance.

 

Vous pouvez aussi coupler Lassie avec un chien au patrimoine généalogique proche. C’est-à-dire que vous pouvez coupler Lassie avec un chien ayant des ancêtres communs avec elle, par exemple sur la quatrième et cinquième génération. Des cousins communs, pas énormément, mais qui vous permettent de rester dans le même type de lignée. Vous faites la même chose avec Médor.

 

Vous gardez un mâle et une femelle de ces deux mariages, et vous renouvelez l’opération jusqu’à pouvoir coupler les descendants de ces deux mariages ensemble sans avoir une consanguinité énormissime. (oui ce mot n’existe pas :) )

 

D’une ça vous permet de tester votre lignée, de voir réellement ce qu’elle transmet aux chiots, de deux ça vous permet de fixer doucement un type de chien sans risquer qu’un trop fort taux de consanguinité vienne tout mettre à terre en important des cancers et autres maladies.

Conclusion

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La consanguinité elle peut être utile, seulement si le programme d’élevage tient la route derrière. C’est-à-dire qu’il faut avoir une réelle connaissance de sa race, une profonde culture des lignées du chien, de la génétique, énormément d’expérience et un but final précis (ce qu’on souhaite proposer en type de chiots).

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L’argumentation type : «  le frère et la sœur sont absolument magnifiques, nous avons donc pris la décision de les marier ensemble afin que les chiots héritent des qualités de leurs parents » ne me plait absolument pas. Ce n’est nullement réfléchi, il n’y a aucun programme d’élevage derrière et un petit côté : jouons aux apprentis sorciers et voyons ce que ça donne. Parce que oui, je le répète, ce n’est pas parce qu’on marie deux chiens avec des qualités top qu’elles seront automatiquement transmises aux chiots

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Malheureusement cette argumentation se retrouve dans beaucoup d’élevages et les gens étant peu, ou pas informés, donnent souvent raison à l’éleveur. C’est normal et anormal. Faire confiance c’est bien mais n’hésitez pas à titiller un peu l’éleveur sur ses choix d’élevages, à examiner les pédigrées de votre futur chiot afin d’être sûr qu’il n’y a pas anguille (ou consanguinité) sous roche ! N’hésitez pas à demander les raisons d’un tel accouplement, si l’éleveur n’ose vous répondre ou n’a pas de réelles idées de pourquoi il a fait ce mariage, prenez simplement vos jambes (pas forcément à votre cou :) )et faites demi-tour.

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La consanguinité, on a souvent tendance à ne pas la prendre au sérieux, et des éleveurs surfent aussi là-dessus : « oh vous savez le patrimoine génétique du mâle ne sert à rien, il n’est que là que pour apporter la petite graine et n’apporte rien aux chiots » (véridique j’ai entendu ça lors d’un stage canin ) Quand on te dit ça avec une telle assurance, il faut avoir une réelle connaissance du chien et un certain bagage sur la culture canine pour ne pas se laisser duper et remettre les pendules à l’heure.

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Malheureusement en élevage, comme partout, il y a des bons et des mauvais. Il y a d’excellents particuliers qui font un travail magnifique, tout comme des particuliers qui font des accouplements à se tirer une balle, des éleveurs, non des producteurs véreux qui font reproduire leur chienne à toutes les chaleurs avec le premier individu qui passe étant sensiblement de la même race (on va pas chipoter, le berger de podhale et le montagne des pyrénées c’est la même race (ce qui est faux, hein, totalement faux) ou qui par appât du gain s’en contrefichent de marier le frère et la sœur, du moment que ça ramène du pognon, les conséquences d’un tel mariage, c’est clairement pas la préoccupation première. 

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Bref la consanguinité elle peut être utile, voir intéressante, mais il vous faudra être extrêmement vigilant sur les tenants et aboutissants d’une telle démarche. Il vous faudra discuter longuement avec l’éleveur, qu’il vous explique clairement son point de vue et le pourquoi de ce mariage avant de prendre une décision en toute connaissance de cause.

Bonus : comment calculer, d’après un arbre généalogique, le pourcentage de consanguinité dans un mariage ? A partir de quels pourcentages le mariage est-il considéré à risque ?

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Je pense qu’il est important de finir cet article en vous expliquant comment calculer la consanguinité au sein d’un mariage et de savoir également à partir de quels pourcentages on considère que le mariage est un mariage hyper consanguin devant mériter réflexion avant adoption ou non.

Il y a plusieurs « stades » de consanguinité .
On  considère la consanguinité comme

  • raisonnable jusqu’à 10%

  • rapprochée entre 10 et 20%

  • Au-delà de 20% c’est une forte consanguinité qui ne peut être faite qu’avec discernement et en toute connaissance de cause (transmission de tares héréditaires etc).

 

J’informe que les mathématiques et moi, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour :D

Pour autant, mes bases devraient me permettre de m’en sortir et de vous expliquer les calculs à faire pour sortir le pourcentage de consanguinité dans un pédigrée.

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Il existe plusieurs méthodes, je ne vais citer ici que celle que je connais (et que je maitrise) : la méthode des chemins. C’est une des plus simples pour calculer le coefficient de consanguinité. Il faut simplement déterminer tous les chemins partants du père et arrivant à la mère en passant par un ancêtre commun. Cela donnera ensuite tous les chemins possibles pour qu’un allèle soit donné au chien et par son père et par sa mère.

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Aucune idée si je suis très claire dans mes propos, donc pour être sûre d’être comprise par tous, je vous propose des exemples :

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On va  se baser sur un pédigrée sur trois générations en incluant implicitement qu’aucun des ancêtres au-delà de trois générations n’est apparenté. Cela dans le simple but de simplifier les calculs et de ne pas vous perdre en cours de route. Prévoyez aspirine et branchez votre cerveau mathématique :)

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Si d'entrée dans votre pédigrée aucun ancêtre n'est à la fois présent du côté maternel et du côté paternel, cela veut dire que le taux de consanguinité est nulle.

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Par contre si un ancêtre est présent dans les deux parties du pédigrée (père & mère), c'est un ancêtre commun. Il faut donc determiner les chemins allant du père à la mère en passant par cet ancêtre commun. On appelle cela calculer la profondeur (le nombre de chiens qu'il contient) et qu'on appelle N pour simplifier le calcul.

 

Chaque chemin contribue à la consanguinité totale à raison de (1/2)^N = 0,5 x 0,5 ... (N fois 5).

 

Il faut donc trouver tous les ancêtres communs, puis tous les chemins entre le père et l'ancêtre commun, la mère et l'ancêtre commun, puis de calculer le taux de consanguinité induit par chaque chemin et d'additionner le tout.

Cela y est, je vous ai perdu ! Pas de panique, je vais vous expliquer ça avec des exemples, plus facilement compréhensibles et moins prise de tête :) Tout d'abord un pédigrée "classique" avec en bleu les ancêtres communs au père, et en rose les ancêtres communs à la mère.

 

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Nous avons donc un pédigrée frère / soeur. Pour distinguer les ancêtres communs, je me suis servie des lettres de l'alphabet, mais j'aurais tout aussi bien pu noter des noms de chiens ou des chiffres. Ci-dessous nous voyons donc que A&B sont communs et au C (frère) et au D (soeur).

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Ici nous allons commencer à déterminer le nombre de chemin commun en créant une sorte de chaine :

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En  bleu c'est donc les ancêtres communs au C (au frère donc). On compte trois chemins ( de C à A, de A à A et de A à D),

 en calcul ça nous donne : F = 0.5 x 0.5 x0.5 (0.5 par chemin, trois chemins donc trois fois 0.5) = 0,125.

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En rose les chemins communs au D(soeur), nous avons donc également trois chemins (de D à B, de B à B et de B à A), en calcul ça nous donne : F = 0,5 x 0,5 x 0,5 = 0,125.

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Ensuite il faut additionner le résultat que l'on a trouvé pour C, donc 0,125 et pour D, donc également 0,125

C + D = 0,125 + 0,125 = 0,25 => le taux de consanguinité est donc de 25% sur ce mariage.

1) Frère / Soeur

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Mon premier exemple concerne l'accouplement frère soeur. Je vais détailler ci dessous par photo comment procéder au calcul.

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2) Père / Fille - Mère / Fils

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Le second exemple concerne l'accouplement Père-Fille / Mère - Fils. Nous avons deux chemins communs, soit A-A et A-C, soit F = 0,5 * 0,5 = 0,25 => 25% de consanguinité également dans ce mariage.

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3) Demi-frère / Demi-Soeur

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Le troisième exemple concerne l'accouplement demi frère / demi soeur. Nous avons trois chemins communs, soit D-A, A-A et A-E, soit F = 0,5 * 0,5 * 0,5 =0,125 = 12,5% de consanguinité dans ce mariage.

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4) Oncle/Nièce - Tante/Neveu

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Le quatrième exemple concerne l'accouplement tante/neveu-Oncle/Nièce

Nous avons donc 4 chemins communs pour E (E-B , B-B, B-D (D étant obligatoirement un ancêtre commun vu que D est un descendant de B) et D-F, et également 4 chemins communs pour F (E-A, A-A, A-D et D-F)

E = 0,5 *0,5 *0,5*0,5 (ou (1/2)^4) = 0,0625

F = 0,5 * 0,5 * 0,5 * 0,5 (ou (1/2)^4) =  0,0625

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E + F = 0,0625 +0,0625 = 0,125 => 12,5% de consanguinité dans ce mariage


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5) Cousins/Cousines

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Le dernier exemple concerne l'accouplement cousin/cousine.

Nous avons donc  5 chemins communs pour G (G-D, D-A, A-A, A-E, E-H)

Et 5 chemins communs pour H (G-D, D-B, B-B, B-E, E-H)

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G = (1/2)^5 = 0,5 * 0,5 * 0,5 * 0,5 *0,5 = 0,03125

H = (1/2)^5 = 0,5 * 0,5 * 0,5 * 0,5 *0,5 = 0,03125

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G + H = 0,03125 + 0,03125 = 0,0625 = 6,25% de consanguinité dans ce mariage.

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Cet article est à présent terminé. J'espère qu'il vous a plu, que vous avez globalement compris ce qu'était la consanguinité et comment la calculer.
 

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